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dimanche 23 novembre 2014

PERSONNEL : Une année.



A toi.


Depuis un an, je pense.
Chaque jour, je pense.
Je pense à toi, je me souviens.
Des souvenirs douloureux...





Je me suis souvenue des journées à la mer, du sac à dos plein de surprises pour le goûter, du faux-Shweppes que tu ne trouvais qu'au Liddl d'à côté, lui et sa petite bouteille toute ronde. De ces bananes à la cassonade, les pâtes alphabet que je continue de manger, la sole fraîche, les crevettes grises, le gigot, le pain de campagne, les jus de fruits, les plateaux de fruits de mer.

Je me suis souvenue des après-midi que l'on passait à l'aquarium et ces longues minutes incroyables à toucher le dos doux des raies. De ta passion pour la mer et ce qui la peuple, ton amour de la faune et la flore, tout ce que tu as essayé de nous transmettre.

Je me souviens des bains d'après la plage, du fond de baignoire plein de sable, et de toi qui me refaisais encore et encore de la mousse. Je me souviens de mon moulin de bain, mes moulins à vent, mes coquillages, mes cerfs volants.

Je me souviens même de cet après midi où tu m'as fait enregistrer ton répondeur. Tu te cachais dans la chambre à côté pour qu'on ne t'entendes pas. On a bien du recommencer trois fois.

Je me souviens de notre après-midi au musée, avec ces constructions en verre, magnifiques, où tu m'avais laissé prendre plein de photos, fière.

Je me souviens de ton amour pour mes yeux bleus et mes cheveux blonds-roux.



Je me souviens de ce mois avec toi, et toutes les semaines mes leçons de natation, je me souviens comme tu étais fière.

Je me souviens des bords de mer, des vacances en famille.

Je me souviens de tes boites à chaussures, de tous tes hauts talons, avec lesquels je jouait à la marchande et que je rêvais un jour de te piquer.

Je me souviens du jour où tu as mis des baskets, et ou tu nous as regardé en nous disant que tu avais l'impression de marcher à l'envers.

Je me souviens des glaces, des diabolos, de tes bières, et des chichis de la foire ...
De ton envie que je sois toujours bien coiffée, de ta passion à me faire des nattes.

Je me souviens des après midi à peindre, ou à mettre du vernis, à dessiner, ensemble.

Je souviens comme tu étais fière de raconter partout que ta petite fille était à l'école d'infirmière, à la boulangère, à la coiffeuse, à la voisine d'à côté, d'en face, et encore plus une fois diplômée, comment tu me racontais le passage de ton infirmière, la tienne, ton diabète, et tout le reste.

Je me souviens de toi, tu étais belle, pimpante, toujours bien maquillée, bien coiffée, bien habillée.
Toujours apprêtée, avec tes parfums divins. Rarement en colère, toujours souriante.


J'ai le souvenir de ton sursaut quand on débouche un bouteille.

J'ai le souvenir de ton sourire.
J'ai le souvenir de tes danses.
J'ai le souvenir des Dix Commandements, Roméo et Juliette, Christophe Maé, Willem, Corneille
Et Goldmann, Cabrel, Lalanne... et de toi qui chante.


Je me suis souvenue de tes appels incessants qui duraient des heures, où je ne savais plus quoi répondre, où tu répétais souvent les mêmes choses, où tu me disais "Tu appelleras hein ?", ce que je ne faisais jamais ... ceux là même où je donnerai cher pour n'en revivre qu'un.




Je me suis souvenue d'autres appels, sans toi, les pires, les lectures de compte rendus, des mots inaudibles, moches, méchants, douloureux, des mots que je connaissais si bien, dont je connaissais si bien le futur, les attentes... Sa voix, les annonces de diagnostiques, l'attente, l'espoir, les "ça ira".

Non. Rien n'est allé.
Rien n'est allé comme on l'aurait voulu.

Je me suis souvenue de ton détachement. Tes courses tranquilles après ton rendez vous.
Tu m'as parlé de ça comme ci tu me parlais d'un rhume.

Je ne voulais pas te voir.
Je ne pouvais pas te voir.
Pas comme ça, pas en sachant que bientôt tu serais loin et à jamais.
Pas comme ça, avec moi qui sait et toi qui tait.


Quand tout a basculé, je n'ai pas pu.
Je n'ai pas pu venir, je ne pouvais pas, j'ai pris des excuses de voyage, je n'ai rien annulé, je ne pouvais pas. J'étais comme toi, je n'avais rien accepté, pour moi ça n'était pas vrai.




& puis c'est arrivé. Une voix, quelques mots au téléphone.
J'étais en bus, à quelques kilomètres de toi. Ironique.

J'ai eu envie d'hurler, comme quelqu'un a qui on arrache le coeur. 
Entourée de mes amis, j'ai tenu l'air détaché toute la soirée, jusqu'au moment où les larmes ont coulé, seules et sans un mot. Je n'ai pas su dormir sur le retour, je ne pensais qu'à ça, qu'à toi, qu'à elle.

Je me rappellerai toujours de ces moments.
Son pas en avant dans mes bras, à peine sortie du train, pleine de larmes.
Son pas en avant derrière moi et son "Ne t'y oblige pas".
Nos pas en avant, à trois, et tant de monde pour toi.


Je n'ai pas supporté ses larmes, sa douleur.
Leur douleur, à tous, légitime.
Je n'ai pas supporté la mienne.

Je n'ai pas supporté les silences.


Je t'ai regardée jusqu'à la dernière seconde.
Le temps n'est jamais passé si vite que depuis ce jour d'automne.




Je ne compte plus les heures à pleurer, je ne compte plus les gorges serrées.
Je ne vois que ça, un vide, un manque, une absence, et moi, qui ne suis plus tout à fait la même.

Mon cerveau n'est qu'un panier plein de pensées qui s'entrechoquent, qui se mêlent et ne se démêlent jamais, qui ne me laissent jamais tranquille, jamais de répit, jamais.

On m'a conseillé d'écrire, alors j'écris.
Je sors par les doigts ce qui n'arrive pas à sortir par ma bouche.
Ce qui n'arrive pas à sortir de ma tête.


Au fond, je sais.
Je sais que ce sont ces semaines, ces jours, ces heures, ces appels, ces mots, d'il y a un an, le problème.

Ce refus d'accepter.
Cette douleur.
Je sais que c'est ça, le problème.



J'espère que de là où tu es, tu m'entends, tu me regardes et tu me lis.
J'espère que tu es fière, et que tu m'entends penser à toi.


Je t'aime.






& pour faire durer nos bulles plus longtemps, faites un don.
Donnez de l'argent pour que nos chercheurs offrent des vacances
à ces crabes qui s'installent un peu trop dans nos vies.
Moi je le fais tous les mois.



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Au passage, et puisque j'écris publiquement pour des raisons qui me sont propres, je sais que certains proches viendront lire. A ceux qui se reconnaîtront, je leur dit merci. Pour la présence il y a un an, pour la présence depuis un an, pour la présence chaque jours, pour tout. Pour les écoutes silencieuses, les longues discussions, les distractions. Pour être là. Merci.


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Et entre elle et moi, il y a toi.
J'oscille entre je suis désolée, merci, et je t'aime.
Prends soin de toi, s'il te plait.
Tu me manques.


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2 petits mots de licornes:

Carnet de Lucie a dit…

C'est vraiment un texte très touchant, j'en ai eu des frissons.
Je ne peux te souhaiter que du courage et de continuer à aller de l'avant.

Bisous.

Pyxie a dit…

La première année est dure, toujours, je me souviens de celle que j'ai vécu pour ma grand-mère paternelle. Mais avec le temps ça s'atténue, on apprend à vivre avec, les souvenirs font de moins en moins mal. Alors accroche toi, continue d'avancer, et nous on te suit pour te soutenir et te faire sourire !

Je t'aime fort ma belle <3

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